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par Matthieu Morel

Chef Produit Biofongicides



co-auteur
Caroline de Rauglaudre

Le sclérotinia, connu sous le nom de « pourriture blanche » est une maladie grave qui affecte un très grand nombre de cultures (la plupart des cultures dicotylédones y sont sensibles).

Ce sont majoritairement les sclérotes (organes de survie du champignon) des espèces de Sclerotinia sclerotiorum et Sclerotinia minor, qui sont à l’origine des attaques sur les cultures. Ces sclérotes se réactivent à chaque fois qu’une culture favorable est implantée (ex. laitue, colza, tournesol, haricot, carottes etc.) permettant à la maladie de se développer. Les sclérotes sont capables de se conserver au moins dix ans dans le sol. L’historique parcellaire est donc un élément capital pour évaluer le niveau de contamination.

Le sclérotinia est sans conteste une maladie d’importance économique forte, très dommageable en cas de forte attaque. Quelques chiffres à titre d’exemples : sur soja, les pertes peuvent s’élever à 20% en cas d’attaque soit plusieurs centaines de millions de dollars rien qu’aux USA (Guyon et al., 2014), sur colza, elles peuvent dépasser 15 q/ha ou encore 32% de la récolte d’endives (Benigni and Bompeix, 2010).

1 - Biologie de la maladie

On appelle sclérotes, les petits nodules noirs constitués de mycélium très condensé de Sclerotinia sclerotiorum ou de Sclerotinia minor. Ces sclérotes se forment sur les organes affectés et/ou dans les débris végétaux abandonnés sur les parcelles et représentent une forme très résistante de conservation de ces champignons pathogènes pouvant vivre dans et à la surface du sol pendant 5 à 10 ans.

photo de sclérotes

Sclerotinia minor

Les contaminations par Sclerotinia minor se font essentiellement par l’intermédiaire du mycélium issu des sclérotes se trouvant à proximité des racines et feuilles/tiges touchant le sol.

 

Sclerotinia sclerotiorum

Les contaminations par Sclerotinia sclerotiorum peuvent se produire de la même façon que pour Sclerotinia minor.

En revanche, ce champignon crée également des formations sur ses sclérotes appelées apothécies. Il s’agit d’organes assurant sa reproduction sexuée qui engendrent de nombreux asques (cellule reproductrice) contenant les ascospores (les spores issus des asques).

Ainsi, durant une période de 2 à 3 semaines, des millions d’ascospores peuvent être libérés dans l’air et être à l’origine de contaminations aériennes.

2 - Le sclérotinia en grandes cultures : colza, tournesol, soja

Symptômes et dégâts

Au printemps, les feuilles en contact avec le sol peuvent être infectées. Un amas mycélien blanc au collet de certaines plantes est le signe d’une attaque au niveau des racines.

Sur les feuilles du colza, le sclérotinia se reconnaît à une pourriture grise. Sur la tige, des taches blanches-grises et encerclantes se développent à l’aisselle des feuilles ; nécroses et sclérotes apparaissent ensuite dans et sur les tiges, empêchant la circulation de la sève. La partie supérieure de la plante échaude (arrêt plus ou moins complet du remplissage des grains ou de leur maturation). Les siliques peuvent également être touchées : elles blanchissent et se dessèchent, avec une éventuelle formation de sclérotes. En cas d’attaque sur les hampes principales, les pertes de rendement peuvent atteindre, voire dépasser 15 q/ha.

Photo de dégâts de sclérotiniose sur colza. Source La France Agricole

Sur soja, le champignon se développe en premier lieu au niveau d’un nœud floral et se propage vers la tige puis le haut de la plante se dessèche.

Photo de dégâts de sclérotiniose sur soja. Source Terres Inovia

Sur tournesol, les attaques de sclérotinia commencent sur les jeunes feuilles apicales formant une rosette qui vont par la suite contaminer le bouton. La contamination a lieu au stade 6-8 feuilles. Si un temps doux et humide s’installe (en mai-juin), l’infection progresse rapidement vers le cœur du bouton et la pourriture le détruit complètement.

Photo de dégâts de sclérotiniose sur tournesol. Source Ephytia

 

Méthodes prophylactiques

Pour anticiper les risques de sclérotinia, il existe plusieurs leviers d’intérêts sur lesquels agir de façon préventive :

Rotation

Éviter la succession de cultures sensibles est une des clés. Ce champignon étant présent sur de nombreuses espèces cultivées.

Le niveau de risque se situe à la parcelle.

 

Régime hydrique

En tournesol, éviter les irrigations durant la floraison.
Sur soja, le pourcentage d’attaque varie selon l’humidité ambiante. Un premier déclenchement de l’irrigation le plus tardivement possible et un espacement de dix à quinze jours entre chaque

tour d’eau réduisent l’attaque de sclérotinia, la phase de sec entre deux apports étant défavorable à son développement.

 

Choix variétal

Pour le colza, l’ensemble des variétés classiques sont sensibles au sclérotinia excepté certaines nouvelles variétés développées pour leur plus grande tolérance à cette maladie comme BRV703. Leur choix peut s’avérer judicieux en complément des mesures classiques de lutte.

En culture de soja, selon le groupe de précocité, le risque sclérotinia est plus ou moins élevé. Il convient également de choisir la variété en fonction de sa sensibilité à la verse. Généralement, les sensibilités au sclérotinia et à la verse sont liées. La verse est souvent corrélée à la fermeture du couvert, avec une population dense qui crée un milieu humide favorable à la germination du champignon.

Pour la culture de tournesol, éviter le choix de variétés sensibles.

 

Densité

Une surdensité de population augmente le risque de sclérotinia. Plus le couvert est dense, plus l’humidité maintenue est favorable au développement du champignon.
Au semis, il convient donc de maîtriser le peuplement.

 

Gestion des adventices

Bien gérer les adventices est important pour, d’une part, éliminer les dicotylédones, plantes hôtes du sclérotinia, et d’autre part, pour éviter de conserver, dans la végétation, un climat humide favorable au pathogène.

 

Gestion de la fertilisation

Éviter un excès de vigueur des plantes.

3 - Le sclérotinia sur haricot

Symptômes et dégâts

Les symptômes, principalement dus à la présence de Sclerotinia sclerotiorum, apparaissent généralement au début de la floraison. Les feuilles peuvent présenter des taches jaunes, avec un feutrage blanchâtre à la base. Les feuilles se flétrissent. Des taches humides de forme irrégulière font leur apparition au niveau des tiges et des gousses. Une pourriture molle avec un feutrage cotonneux blanchâtre apparaît sur les tiges, les pétioles et les gousses du haricot. Des sclérotes blancs puis noirs apparaissent à l’intérieur des tiges et des gousses. Lorsque ces sclérotes se trouvent en contact direct des racines, ils peuvent générer la formation d’une pourriture molle au niveau de la base de la tige ou du collet pouvant, en cas d’expansion importante, entraîner la mort de la plante.

Photos de dégâts de sclérotiniose (ou pourriture blanche) sur haricot

 

Méthodes prophylactiques

Pour anticiper les risques de sclérotinia, il existe plusieurs leviers d’intérêts sur lesquels agir de façon préventive :

Rotation

Pratiquer des rotations appropriées en évitant les précédents à risque comme le pois, le chou, le fenouil, la laitue, l’endive ou le céleri.

 

Régime hydrique

Éviter l’irrigation pendant la floraison et laisser le sol se dessécher entre deux irrigations.

 

Choix variétal

Dans la mesure du possible, préférer les variétés :
✅ à petit feuillage
✅ à port léger et
✅ dressé

 

Densité

Favoriser l’aération du feuillage :
✅ semis à écartement large
✅ lignes de semis dans le sens des vents dominants

 

Gestion de la fertilisation

Raisonner la fertilisation et l’irrigation pour éviter un excès de végétation.

4 - Le sclérotinia sur laitue

Symptômes & dégâts

Sclérotinia est responsable d’altérations humides et de couleur marron clair affectant les parties des plantes au contact du sol et notamment les feuilles sénescentes, puis le collet. Ces altérations évoluent très vite en une pourriture qui se généralise aux strates de feuilles proches du sol. Les pétioles et les nervures principales ainsi que le collet sont envahis, ce qui conduit à la chlorose et au flétrissement des feuilles externes, puis des plantes, parfois en moins de 2 jours. Par la suite, la pourriture gagne l’ensemble des tissus foliaires qui se décomposent et s’effondrent. L’arrachage de ces plantes n’offre aucune résistance.

Dégâts de sclérotiniose sur salade.

Méthodes prophylactiques

Pour anticiper les risques de sclérotinia, il existe plusieurs leviers d’intérêts sur lesquels agir de façon préventive :

Rotation

Réaliser des rotations d’au moins 5 années dans les sols fortement contaminés en alternant une culture sensible comme la salade avec des cultures non sensibles type céréales.

 

Paillage

Utiliser un paillage plastique permet d’isoler en partie les vieilles feuilles du sol et donc contribuera à réduire les contaminations des deux Sclerotinia spp.

 

Gestion de l’hygrométrie et irrigation

Aérer les abris en cas de production sous serre afin de diminuer l’hygrométrie dans l’air et d’éviter la présence d’eau libre sur les salades.

Drainer les parcelles lors de la préparation du sol avant plantation pour éviter la formation de flaques d’eau propices aux attaques tardives.

Irriguer de préférence en cours de matinée et en début d’après-midi, jamais le soir, afin de permettre aux plantes de sécher le plus rapidement possible.

 

Pratiques culturales

Éliminer très rapidement les débris végétaux en cours de culture, en particulier les plantes touchées sur lesquelles ces deux champignons produisent de nombreux sclérotes.

Éliminer les débris végétaux en fin de culture,

afin d’éviter qu’ils soient ultérieurement enfouis dans le sol et que les champignons puissent s’y conserver.

 

Gestion de la fertilisation

Maîtriser la fumure azotée. Elle devra être ni trop excessive (à l’origine de tissus très réceptifs), ni trop faible (sources de feuilles chlorotiques constituant des bases nutritives idéales pour eux).

 

Désinfection des sols

Couvrir le sol (désinfection solaire ou solarisation) avec un film de polyéthylène de 35 à 50 µm d’épaisseur, qui aura été au préalable bien préparé et humidifié. Celui-ci est maintenu en place au moins un mois, durant une période très ensoleillée de l’année.

C’est une méthode économique, efficace, qui permettra de contrôler les champignons colonisateurs de la zone superficielle du sol.

Désinfecter à la vapeur.

En l’absence de culture, immerger les parcelles infestées permet de réduire le nombre de sclérotes viables présents dans le sol.

5 - Raisonner les cultures intermédiaires

Ceci concerne particulièrement les cultures intermédiaires, pièges à nitrates et autres couverts hivernaux.

Nombre d’entre eux sont en effet vecteurs de la maladie. C’est le cas des crucifères (moutarde, radis, navette…), des légumineuses (trèfle, vesce…) et même de la phacélie sur laquelle des attaques « carabinées » de sclérotinia ont été constatées. Ces couverts, qui ont connu un fort développement sous l’effet des mesures agro-environnementales, contribuent à multiplier l’inoculum.

Le choix variétal du couvert est donc essentiel et doit être intégré au raisonnement de la lutte contre le sclérotinia.

Seules les graminées permettent une véritable coupure et évitent tout risque de recontamination des sols : ray-grass, ou encore seigle, dont l’implantation rapide est adaptée après les récoltes tardives de septembre-octobre.

Plus généralement, c’est l’ensemble de la rotation qui doit être géré au mieux face à la menace du sclérotinia. La présence de céréales reste fondamentale et l’idéal serait de respecter un délai minimum de 4 ans entre deux cultures sensibles.

6 - Stratégie de protection des cultures

Contre cette maladie à fort impact économique, la lutte phytosanitaire consiste à utiliser des produits de synthèse et/ou de biocontrôle afin de minimiser les dégâts.

LALSTOP Contans WG est le seul produit biofongicide à base de champignon Coniothyrium minitans CON/M/91-08 (utilisable en AB) qui permet de diminuer et de détruire efficacement les sclérotes présents dans les sols (source d’inoculum de la maladie). Au fur et à mesure de son utilisation dans la rotation, le stock de sclérotes des sols contaminés baisse. L’application régulière de ce produit est importante afin d’obtenir l’efficacité requise. LALSTOP Contans WG permet donc de nettoyer le sol des sclérotes au cours du temps.

Lorsque la présence de sclérotes est encore trop importante (début d’utilisation de LALSTOP Contans WG) et en présence de conditions propices à une contamination ou un risque élevé, le recours à des traitements de protection des plantes pendant la floraison peut s’avérer nécessaire.

En fonction des cultures ciblées, les principales matières actives disponibles sont à base de :

 

Mention d’avertissement
Produits pour les professionnels : utilisez les produits phytopharmaceutiques avec précaution. Avant toute utilisation, lisez l’étiquette et les informations concernant le produit.
Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément aux principes de la protection intégrée, consultez http://agriculture.gouv.fr/ecophyto.
Pour les conditions d’emploi et les usages, doses et conditions préconisées : se référer à l’étiquette des produits concernés.
Mentions de danger : se référer à l’étiquette des produits
  • EUH401: Respectez les instructions d’utilisation afin d’éviter les risques pour la santé humaine et l’environnement.
  • H400: Très toxique pour les organismes aquatiques.
  • H410: Très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme.
Conseils de prudence : se référer à l’étiquette des produits
  • P273: (Prévention) Éviter le rejet dans l’environnement.
  • P391: (Intervention) Recueillir le produit répandu.
  • P405: (Stockage) Garder sous clef.
  • P501: (Élimination) Faire éliminer le contenu/récipient dans un point de collecte des déchets spéciaux ou dangereux.

7 - Références


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