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Le sclérotinia, connu sous le nom de « pourriture blanche » est une maladie grave qui affecte un très grand nombre de cultures (la plupart des cultures dicotylédones y sont sensibles).
Ce sont majoritairement les sclérotes (organes de survie du champignon) des espèces de Sclerotinia sclerotiorum et Sclerotinia minor, qui sont à l’origine des attaques sur les cultures. Ces sclérotes se réactivent à chaque fois qu’une culture favorable est implantée (ex. laitue, colza, tournesol, haricot, carottes etc.) permettant à la maladie de se développer. Les sclérotes sont capables de se conserver au moins dix ans dans le sol. L’historique parcellaire est donc un élément capital pour évaluer le niveau de contamination.
Le sclérotinia est sans conteste une maladie d’importance économique forte, très dommageable en cas de forte attaque. Quelques chiffres à titre d’exemples : sur soja, les pertes peuvent s’élever à 20% en cas d’attaque soit plusieurs centaines de millions de dollars rien qu’aux USA (Guyon et al., 2014), sur colza, elles peuvent dépasser 15 q/ha ou encore 32% de la récolte d’endives (Benigni and Bompeix, 2010).
1 - Biologie de la maladie
On appelle sclérotes, les petits nodules noirs constitués de mycélium très condensé de Sclerotinia sclerotiorum ou de Sclerotinia minor. Ces sclérotes se forment sur les organes affectés et/ou dans les débris végétaux abandonnés sur les parcelles et représentent une forme très résistante de conservation de ces champignons pathogènes pouvant vivre dans et à la surface du sol pendant 5 à 10 ans.
Sclerotinia minor
Sclerotinia sclerotiorum
Les contaminations par Sclerotinia sclerotiorum peuvent se produire de la même façon que pour Sclerotinia minor.
En revanche, ce champignon crée également des formations sur ses sclérotes appelées apothécies. Il s’agit d’organes assurant sa reproduction sexuée qui engendrent de nombreux asques (cellule reproductrice) contenant les ascospores (les spores issus des asques).
Ainsi, durant une période de 2 à 3 semaines, des millions d’ascospores peuvent être libérés dans l’air et être à l’origine de contaminations aériennes.
2 - Le sclérotinia en grandes cultures : colza, tournesol, soja
Symptômes et dégâts
Au printemps, les feuilles en contact avec le sol peuvent être infectées. Un amas mycélien blanc au collet de certaines plantes est le signe d’une attaque au niveau des racines.
Sur les feuilles du colza, le sclérotinia se reconnaît à une pourriture grise. Sur la tige, des taches blanches-grises et encerclantes se développent à l’aisselle des feuilles ; nécroses et sclérotes apparaissent ensuite dans et sur les tiges, empêchant la circulation de la sève. La partie supérieure de la plante échaude (arrêt plus ou moins complet du remplissage des grains ou de leur maturation). Les siliques peuvent également être touchées : elles blanchissent et se dessèchent, avec une éventuelle formation de sclérotes. En cas d’attaque sur les hampes principales, les pertes de rendement peuvent atteindre, voire dépasser 15 q/ha.
Sur soja, le champignon se développe en premier lieu au niveau d’un nœud floral et se propage vers la tige puis le haut de la plante se dessèche.
Sur tournesol, les attaques de sclérotinia commencent sur les jeunes feuilles apicales formant une rosette qui vont par la suite contaminer le bouton. La contamination a lieu au stade 6-8 feuilles. Si un temps doux et humide s’installe (en mai-juin), l’infection progresse rapidement vers le cœur du bouton et la pourriture le détruit complètement.
Méthodes prophylactiques
Pour anticiper les risques de sclérotinia, il existe plusieurs leviers d’intérêts sur lesquels agir de façon préventive :
Rotation
Éviter la succession de cultures sensibles est une des clés. Ce champignon étant présent sur de nombreuses espèces cultivées.
Le niveau de risque se situe à la parcelle.
Régime hydrique
En tournesol, éviter les irrigations durant la floraison.
Sur soja, le pourcentage d’attaque varie selon l’humidité ambiante. Un premier déclenchement de l’irrigation le plus tardivement possible et un espacement de dix à quinze jours entre chaque
tour d’eau réduisent l’attaque de sclérotinia, la phase de sec entre deux apports étant défavorable à son développement.
Choix variétal
Pour le colza, l’ensemble des variétés classiques sont sensibles au sclérotinia excepté certaines nouvelles variétés développées pour leur plus grande tolérance à cette maladie comme BRV703. Leur choix peut s’avérer judicieux en complément des mesures classiques de lutte.
En culture de soja, selon le groupe de précocité, le risque sclérotinia est plus ou moins élevé. Il convient également de choisir la variété en fonction de sa sensibilité à la verse. Généralement, les sensibilités au sclérotinia et à la verse sont liées. La verse est souvent corrélée à la fermeture du couvert, avec une population dense qui crée un milieu humide favorable à la germination du champignon.
Pour la culture de tournesol, éviter le choix de variétés sensibles.
Densité
Une surdensité de population augmente le risque de sclérotinia. Plus le couvert est dense, plus l’humidité maintenue est favorable au développement du champignon.
Au semis, il convient donc de maîtriser le peuplement.
Gestion des adventices
Bien gérer les adventices est important pour, d’une part, éliminer les dicotylédones, plantes hôtes du sclérotinia, et d’autre part, pour éviter de conserver, dans la végétation, un climat humide favorable au pathogène.
Gestion de la fertilisation
Éviter un excès de vigueur des plantes.
3 - Le sclérotinia sur haricot
Symptômes et dégâts
Les symptômes, principalement dus à la présence de Sclerotinia sclerotiorum, apparaissent généralement au début de la floraison. Les feuilles peuvent présenter des taches jaunes, avec un feutrage blanchâtre à la base. Les feuilles se flétrissent. Des taches humides de forme irrégulière font leur apparition au niveau des tiges et des gousses. Une pourriture molle avec un feutrage cotonneux blanchâtre apparaît sur les tiges, les pétioles et les gousses du haricot. Des sclérotes blancs puis noirs apparaissent à l’intérieur des tiges et des gousses. Lorsque ces sclérotes se trouvent en contact direct des racines, ils peuvent générer la formation d’une pourriture molle au niveau de la base de la tige ou du collet pouvant, en cas d’expansion importante, entraîner la mort de la plante.
Méthodes prophylactiques
Pour anticiper les risques de sclérotinia, il existe plusieurs leviers d’intérêts sur lesquels agir de façon préventive :
Rotation
Pratiquer des rotations appropriées en évitant les précédents à risque comme le pois, le chou, le fenouil, la laitue, l’endive ou le céleri.
Régime hydrique
Éviter l’irrigation pendant la floraison et laisser le sol se dessécher entre deux irrigations.
Choix variétal
Dans la mesure du possible, préférer les variétés :
✅ à petit feuillage
✅ à port léger et
✅ dressé
Densité
Favoriser l’aération du feuillage :
✅ semis à écartement large
✅ lignes de semis dans le sens des vents dominants
Gestion de la fertilisation
Raisonner la fertilisation et l’irrigation pour éviter un excès de végétation.